Les gilets jaunes ou les gilets jeunes ?
Oui vous avez bien lu, il s’agit des gilets jeunes. Est-ce le moment pour publier un tel billet ? Marketing ou huile sur le feu ? Non, définitivement ni l’un, ni l’autre. Depuis quelques années nous organisons, et nous ne sommes pas les seuls, des ateliers gratuits, des conférences, des groupe de paroles de parents et d’ados. Nous nous battons pour vous donner la parole, afin d’ exprimer vos ressentis, de trouver des ressources, d’être ressource. Le résultat est là. La peur, la colère, un sentiment d’impuissance souvent, de renoncement ? jamais !
Parler des gilets jeunes c’est soulever l’idée que, oui, effectivement nous comprenons vos émotions car en rencontrant vos ados, et ce quelque soit le milieu social, culturel, nous voyons plus qu’un manque de diplômes, des jeunes inquiets pour leur avenir, parfois perdus, peu armés (sans humour) pour vivre leur sortie de lycée avec bonheur, pour goûter aux plaisir d’une liberté liée à leur majorité. Le rêve de métier est souvent confectionné dans des images irréelles, les réelles ne faisant pas rêver. L’argent, la reconnaissance sociale comme vecteur de réussite. Quand les parents parlent bonheur, bien-être les enfants parlent finances.
Ma démarche aujourd’hui n’est pas de dresser un constat sociétal, moral sur cette jeunesse, parfois incontrôlable ( ben oui, ça c’est normal ) ni de vous rassurer comme on le fait pour les enfants avec le grand méchant loup. Ne vous inquiétez pas, ils feront comme nous, ils trouveront leur chemin !! Cela ne marche pas. Cela n’enlèvera pas votre vision. Autant donc aller jusqu’au bout de cette dernière, d’y poser un cadre, des limites, et d’y mettre des ressources. Notre choix est donc de vous proposer un chemin qui permettra à la fois de vous accompagner et de faire en sorte qu’à votre tour vous ayez envie d’essaimer, auprès d’un autre ado.
La peur arrive quand on se sent en insécurité, quand nos repères, nos ressources ne semblent pas suffisantes pour répondre à l’objectif, quand la confiance n’est pas la, quand on se dit qu’il peut arriver n’importe quoi, qu’on ne maitrise pas du tout l’avenir. Des questions qui génèrent la peur il y en a des milliers, entre les parents d’enfants à besoins particuliers, en passant par les parents anxieux par mode de fonctionnement nous ne les hiérarchisons jamais, cela n’aurait aucun sens. Nous ne pouvons que les accueillir, sans jugement. Une émotion n’est ni bien ni mal, elle est là, c’est tout.
Et la colère, pourquoi ? quand on se sent trahit, quand ce en quoi, ceux en qui, on avait confiance, n’est ou ne sont plus, quand on cherche un monde meilleur que celui existant, quand on n’a pas sa place etc…quand votre ado n’est pas bien au collège ou au lycée par ses difficultés et qu’il est impossible de trouver une école, quand on vous dit : les jeunes doivent avoir le droit à l’erreur ,mais que vous voyez qu’au delà de la jolie phrase il n’y a pas beaucoup de bouées de sauvetage, quand on vous dit Parcoursup c’est nettement mieux qu’APB, et qu’au final c’est encore un peu : « la raison du plus fort est toujours la meilleure« . Quand on dit aux enfants tu vas voir maintenant que tu es grand(e), c’est super ! Tu vas rentrer à la grande école. Comme un sésame, un plaisir merveilleux, n’en fait on pas un peu trop ?
C’en est trop, trop de colère, de tristesse de peur et peu de joie, pour certains parents ou ados.
Que faire alors ? Aujourd’hui un parent qui panique face aux bulletins scolaires de son adolescent, le place dans une situation plus difficile, d’office. Votre ado sent votre inquiétude, la sienne augmente, il tente évidement de vous rassurer avec un : » t’inquiète, je gère ». Ce qui n’a rien de tranquillisant pour vous, c’est sur :),
En lieu et place de votre peur je vous propose la phrase suivante : 1) Ces résultats sont-ils ceux que tu attendais ? 2) Ceux que tu souhaitais ? Selon le degré de déception ou de frustration, il est alors possible d’ouvrir la porte des ressources, pas avant. Les ressources ne consistent pas uniquement en la prise de cours. Si vous le souhaitez vous pouvez écouter une très belle émission qui vous permettra d’imaginer ce que nous essayons de faire comprendre à vos enfants : cliquez sur : La tête au carré.
Il est important que votre ado s’approprie son travail. Cela signifie qu’il doit comprendre comment il travaille, sans jugement, mais avec un esprit critique possible, une possibilité de correction ou de réparation.
Comment aborder Parcoursup après ses bulletins ? Ce système a toujours un grand degré d’aléatoire, il n’est donc pas nécessaire de lui dire si tu travailles bien tu peux y arriver. Cela ne fera qu’augmenter son sentiment d’injustice si jamais il n’a pas ce qu’il veut. Pour peu que vous soyez son héro(ïne)(s), c’est fini pour votre crédibilité. Il est donc préférable de dire : Il est important que tu optimises ce que tu sais faire le plus possible, pour ne rien regretter. Toutefois comme personne ne maîtrise ce système, il se peut que tu n’aies pas ce que tu souhaites et ce sera triste pour toi. J’ai confiance, tu trouveras ta voie, mais tu seras peut-être rassuré de chercher la possibilité de rebondir ? As tu besoin d’une personne pour trouver la voie pour rebondir ? Certains peuvent, d’autres non. C’est un peu la vie, on n’obtient pas toujours ce que l’on veut mais cela ne nous empêche pas de réussir autrement. Heureusement, sinon en amour ou dans la vie professionnelle, une séparation serait la fin du monde :). Cette façon de rendre à la vie, ce qui lui appartient, rabaisse le niveau de stress et libère la pression.
C’est dans les groupes de paroles, les conférences ou les ateliers que les échanges avec vous parents nous permettent de vous donner des astuces, des leviers pour différer ou re-router vos inquiétudes. Il faut parfois partir de loin, lors d’un décrochage scolaire ou pire un décrochage social.
Votre aide nous est précieuse pour rester opérationnels. Malgré notre travail assidu et votre satisfaction, malgré notre investissement et votre retour favorable, le nombre d’adhérents actifs à l’association reste très faible. Souvent les parents viennent en urgence et repartent aussi vite, une fois leurs problèmes résolus. Vite, vite, un peu comme si la baguette magique, le rêve était la seule chose que les parents ou les ados souhaitent entendre. Nous ne vendrons jamais du rêve, ce serait un aveu d’impuissance de vos enfants. Une façon d’imaginer que vos enfants ont besoin d’être sauvés de la machine machiavélique scolaire ou professionnelle. Non, vos enfants peuvent être puissants par leur créativité, leurs envies, leurs compétences. Nous avons envie de les accompagner dans leur combativité pour exprimer leurs ressources et apprendre à gérer les obstacles. Pas par la violence ou pire la résignation. Être des gilets jeunes qui changent l’image du monde parental sur les ados. Ce ne sont pas des jeunes qui doivent devenir comme nous parents. Mais des jeunes qui doivent devenir des adultes créateurs du monde de demain !
Ce que nous proposons est notre réponse au : Comment changer la situation ? Nous n’avons pas vocation à changer le monde mais à faire grandir petit à petit votre envie que chaque enfant trouve sa place. C’est avec vous, parents, que cela peut exister.
Nous participons pour la deuxième année au Famlab sur le mieux-être des parents à Paris, n’hésitez pas à venir nous rejoindre ou à adhérer, faire un don à l’association afin que nos jeunes aient une place au sein de la ville, pour qu’avenir rime avec plaisir !
Publié le 5 décembre 2018 | |Classés dans : l'agenda Quokka, Non classé
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