Interview : Zoé "je ne suis pas que dyslexique"
Zoé, bien dans sa vie. JE NE SUIS PAS QU’UNE DYS !
Zoé comment tes parents se sont ils rendus compte que tu étais dyslexique ?
J’avais quelques difficultés de langage, je ne prononçais pas bien certains mots. En CP J’ai eu des problèmes d’apprentissages de lecture, puis d’écriture. Me repérer dans l’espace et dans le temps n’a pas été facile non plus.
Qui a signalé ces difficultés et que s’est il passé ?
Mes parents ont compris mes difficultés, l’école a confirmé que ma scolarité serait compliquée. J’ai commencé avec une orthophoniste de mon quartier, puis une psychomotricienne.
Tes parents ont trouvé des classes spécialisées, est ce que cela t’a aidée ?
Oui, c’est pénible de traîner des difficultés toute sa scolarité, même si on essaie de faire comme tout le monde, les résultats ne sont pas là. Je me sentais un peu différente. Dans une classe spécialisée, mes amies avaient les mêmes combats que moi et les profs nous aidaient et nous comprenaient. Les autres classes se moquaient de nous mais je ne m’y attardais pas car avec mes amies on se soutenait.
Le mot handicap est il approprié à la dyslexie ?
Oui, on peut vraiment parler de handicap si on nous compare aux autres. Par rapport à la logique de tout le monde, on me dit que je suis plus lente. D’ailleurs beaucoup de dyslexiques sont reconnus comme handicapés et bénéficient d’un 1/3 temps supplémentaire pour faire leurs devoirs ou aux examens. Par contre, je ne vis pas la dyslexie comme un handicap au quotidien, heureusement, mais plutôt comme un manque de confiance en moi. Avec le temps je montre tous les jours que je peux et que je sais faire.
L’attitude de tes parents a t ‘elle jouée un rôle important dans ton évolution ?
Je suis surtout contente que mes parents s’occupent de moi, ils m’encouragent encore dans ma progression. Ils m’ont boostée.
Y a t’il des rencontres ou les activités qui t’ont donné confiance ?
Oui, j’ai fait beaucoup d’activités, enfant, et particulièrement de l’équitation. J’ai adoré cela, le fait d’être proche de l’animal et d’apprendre à le maîtriser me donnait confiance mais j’ai eu du mal à supporter que les professeurs me crient dessus. Il faut du plaisir dans l’apprentissage ! Surtout en dehors de l’école sinon on se décourage. Le théâtre aussi, j’arrivais bien à apprendre les textes et j’ai adoré jouer. Sur le plan scolaire j’en ai trouvé aussi quand j’ai travaillé avec une orthophoniste qui utilisait la gestion mentale, la méthode était plus parlante pour moi.
Y a t’il des métiers qui sont davantage destinés aux dyslexiques ?
Dans la théorie, non, mais moi je préfère un métier de contact avec les gens. Aujourd’hui je suis dans un projet esthétique. Au fond de moi, je pense que tout n’est pas permis et que certains métiers me sont fermés comme les métiers où il faut être bons en orthographe. D ‘ailleurs au niveau des stages maintenant je ne dis plus que je suis dyslexiques car les gens ont un à priori et cela changent leur rapport avec moi. Le dernier stage que j’ai fait, ils m’ont fait plein de compliments sur ma disponibilité, mon contact avec les clients et n’ont pas fait une seule fois une réflexion sur la lenteur.
Y a t’il des traits de caractère communs aux dyslexiques ?
Oui c’est possible, on peut dire que nous sommes très sensibles, que nous avons besoin d’attention, de reconnaissance. Bref nous sommes beaucoup dans l’affectif. Je pense que nous avons aussi une bonne créativité artistique. C’est ce que j’ai remarqué en faisant du théâtre.
Quels conseils pourrais tu donner à des jeunes dyslexiques ?
Je pense qu’il ne faut pas penser dyslexie tout le temps, il ne faut pas que la dyslexie nous submerge. Il faut apprendre à se battre avec beaucoup de travail. Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir dépassé ça et d’avoir une bonne force de caractère car il faut voir aussi toutes les qualités de sensibilité que nous avons.
Merci beaucoup Zoé pour ta franchise et ton sourire !
Publié le 15 février 2013 | | Laissez vos commentairesClassés dans : Interviews